L’observateur du paysage politique tunisien post-révolutionnaire est frappé par l’intensité des débats et tensions contradictoires qui traversent le corps social : la révolution du 14 janvier a mis à nu les failles et fractures sociales, idéologiques et politiques. Nous passons d’une situation de fait et de droit où tout était tracé par l’Etat, détenteur exclusif de tous les légalismes, vers une situation où les acteurs politiques, sociaux et culturels se bousculent et affrontent leurs thèses et visions autour de questions clés dont celle de la place et du statut de la femme dans les textes et en société.
Une idéologisation de l’islam, certes avec des expressions différenciées, couvre des discours, des attitudes et des pratiques mettant en cause des grands acquis de la Tunisie et plus particulièrement l’égalité entre les hommes et les femmes.
Plus d’une année après l’accession au pouvoir de l’islam politique, nous sommes en mesure de nous poser la question : y a t-il un véritable projet islamique de société, ou bien nous sommes face à un imbroglio idéologico-politique qui a du mal à se définir et à se déterminer par rapport à des exigences pressantes et sur lesquelles l’histoire a déjà dit son dernier mot ?
Le contexte tunisien, ses propres trajectoires et logiques, saurait-il faire son travail pour revoir «les certitudes», et oeuvrer pour une négociation réussie en vue d’asseoir définitivement les droits des femmes dans des rapports de genre égalitaires ?